lundi 14 novembre 2016

Toute la communauté de Saint-Aubin-du-Cormier serait bafouée et meurtrie

Dans notre commune de Bretagne, Saint-Aubin-du-Cormier – située entre Fougères et Rennes – vit une famille habitant en plein centre bourg, à côté de l’église. Le plus jeune, Kledian, y termine sa scolarité à l’école primaire Alix de Bretagne où il rentra en fin de cours préparatoire. Son frère aîné, Gentian, fit sa scolarité au collège Pierre de Dreux qu’il achève cette année en troisième. Tous deux naquirent en Crète alors que leurs parents y exerçaient une activité de maçon pour leur père Artan et d’agent hospitalier pour leur mère Lirie, de 2002 à 2011, dans cette terre de Grèce.

Cette famille Saint-Aubinaise est appréciée de leurs concitoyens pour leur présence et participation active à la vie communale : entretien du jardin médiéval avec l’association Ragoles & Béruchets, présence active lors des fêtes scolaires pour la préparation de goûters et l’accueil des familles, activités paroissiales pour les parents, clubs sportifs pour les plus jeunes.

Une trentaine de lettres, signées par le curé de la paroisse, des conseillers municipaux, l’équipe éducative du collège, celle de la médiathèque, des institutrices, des responsables d’association… et des citoyens en témoignent.

Mais pourquoi témoigner ?

Parce que Lirie et Artan Karasani ont dû fuir l’Albanie en catastrophe en 2002 pour se réfugier en Grèce où Artan fut sauvé, par une intervention chirurgicale, d’une blessure mortelle infligée par un truand qui n’était pas sans complices menaçants. Ils y trouvèrent refuge 9 ans, y travaillèrent et eurent deux garçons. La situation économique du pays s’effondrant, ils décidèrent de revenir en Albanie. Mais les menaces premières n’étaient pas oubliées, la fuite s’imposait. Ils choisirent la France « patrie des droits de l’homme » où ils arrivèrent munis de leur passeport, en toute légalité, en décembre 2012 pour, après un long périple, demander asile à Rennes. En avril 2013 ils s’installèrent à Saint-Aubin-du-Cormier.

Parce que leur demande d’asile fut rejetée en janvier 2015, ils ne bénéficiaient plus du dispositif du centre d’accueil pour les demandeurs d’asile, ils étaient alors privés de leurs droits et de leur logement.

Parce que les liens qu’ils avaient tissés avec la population locale leur permit de trouver un logement et des promesses d’embauche qui ne se concrétiseraient que s’ils n’étaient pas empêchés légalement de travailler.

Parce qu’un arrêt préfectoral en mars 2016 leur ordonne de quitter leur lieu de vie, leurs amis, de mettre fin à la scolarité de leurs enfants, de briser des liens d’amitié et de camaraderie pour retrouver le lieu où il y a quatorze ans Artan grièvement blessé et Lirie enceinte de son premier enfant durent fuir. Endroit étranger et hostile à peine découvert par leurs deux enfants entre leur enfance en Grèce et leur épanouissement ici, à Saint-Aubin-du-Cormier.

Parce que le refus d’asile et l’arrêté qui a suivi se fondent, entre autre, sur deux erreurs, bénignes si derrière le dossier il ne s’agissait pas de personnes : La famille est bien entrée en toute légalité sur le territoire français ; Gentian et Kledian sont bien nés en Grèce – en Crète plus précisément – et y ont vécu leur prime enfance.

Parce qu’enfin c’est toute la communauté de Saint-Aubin-du-Cormier qui serait bafouée et meurtrie si d’aventure on en arrachait de force quatre de ses membres.



Collectif de soutien à la famille Karasani